Chapitre 3 : Les étudiant.e.s et le coworking et si on y était déjà ?















taff

a- Les formes existantes de collaboration

b- Les objectifs d’une entente entre les étudiant.e.s et le coworking

c- Les limites d’une entente entre les étudiant.e.s et le coworking

Le coworking n’est qu’un des nombreux dérivés du travail collaboratif. En effet on avait déjà recours au travail collaboratif dans les entreprises. Puisque cela satisfait l’impératif de productivité et le besoin d’émancipation du salarié.e. Le travail collaboratif désigne le travail réalisé grâce à des outils et solutions informatiques plus ou moins élaborés qui permettent à l’entreprise de diffuser les données et les savoirs en les mettant à la disposition du plus grand nombre de collaborateurs/trices. Mais le travail collaboratif peut s’appliquer à d’autres domaines, il influe sur les relations individuelles d’abord et sur les relations collectives ensuite. Les caractéristiques du travail collaboratif réside dans le recours systématique aux technologies de l’information et de la communication comme outil de travail, ce que le coworking a gardé. A l’inverse la démarche du travail collaboratif réside précisément dans la réunion d’un certain nombre de personnes dans le but d’atteindre un objectif déterminé, sans pour autant que les moyens pour parvenir à la réalisation de cet objectif n’aient été préalablement définis. Le travail collaboratif, dilue certains aspects du lien de subordination, dont on a aussi constaté les points faibles pour le télétravail et les espaces de coworking. Cette nouvelle organisation de travail va constituer l’un des moyens privilégiés d’élaboration de projets interentreprises. Plusieurs entreprises concourent au même projet en utilisant des outils de travail collaboratif. Le développement du travail collaboratif constitue donc un véritable défi pour le droit du travail. Il revient aux différent.e.s acteurs/actrices des relations du travail, de s’intéresser aux problématiques singulières soulevées par le travail collaboratif. 1


De plus le coworking qui résulte du travail collaboratif, a aussi vue le jour de part l’émergence des communautés virtuelles électroniques qui s’inscrivent dans une évolution contemporaine des nouveaux usages des environnements informatiques. La communauté de pratiques c’est trois domaines scientifiques : les sciences technologies de l’informatique, les sciences de l'informateur et les sciences humaines et sociales. Une communauté est organisée comme un processus de gestion des connaissances : identifier, codifier, diffuser, mutualiser et capitaliser l’information. Selon les principes du travail collaboratif, il conviendra d’acquérir en premier lieu, les fondements théoriques pour mettre en oeuvre, développer et pérenniser une communauté de pratiques. Les communautés de pratiques correspondent à des groupes d’individus liés par un intérêt commun ou une passion commune et qui interagissent continuellement afin d’amender leurs pratiques individuelles et collectives, notion que le coworking applique. Elles jouent un rôle d’importance en favorisant la créativité, le partage de connaissances utiles à la gestion de l’activité collective. L’organisation communautaire introduit des modes de co-apprentissages, de co-expertises, de co-constructions des connaissances, pour susciter des rétroactions individuelles et collectives qui sont à même d’assurer une transversalité des connaissances. La masse de savoir est plus conséquente et éclectique sur un groupe que sur un individu. Une caractéristique des communautés c’est de franchir les frontières formelles, la capacité de s’adapter aux exigences des contextes dans lesquels elles sont destinées à se développer. Nous retrouverons ceci assez vite dans les domaines commerciaux, administratifs, éducatifs et gouvernementaux. Le développement d’une communauté dépend également de la qualité de l’organisation, permettant une participation active des différent.e.s acteurs/actrices, de la notion de leadership partagé, de collectif de recherche et de travail collaboratif, et nécessite l’adoption d’éléments de gestions et de ressources humaines qui soient en cohérences avec les finalités de la démarche visée. L’intégration de l’informatique dans une organisation entraîne à repenser l’architecture de la logique organisationnelle et particulièrement les règles usuelles de communication sociale. La technologie sera donc le support principal de communication. Le respect d’autrui, l’empathie, la croyance en des valeurs communes, l’authenticité des discours et des échanges, sont autant des valeurs qui constituent ce que nous nommerons les valeurs éthiques, morales et identitaires qui serviront de modèle aux échanges interpersonnels. Dans le domaine du travail communautaire, les relations interpersonnelles jouent un rôle important dans la qualité de la réussite de l’entreprise commune. Les interactions sociales sont notablement fondées sur une dynamique où la confiance et la réciprocité d’action entre membres sont privilégiées. En un sens, les nouvelles formes de travail deviennent éminemment plus humaines que techniques. Les propriétés de ces environnements sont mouvantes, en perpétuelle évolution et génèrent de multiples remises en questions des pratiques professionnelles. Cependant, ces nouveaux aménagements stratégiques permettront d'apporter aux organisations une réponse adaptée aux défis d’une société de l’information qui mobilisera toujours plus les technologies de l’information. 2


En ce sens la communauté virtuelle d’apprentissage et le travail collaboratif dans le milieu de l'enseignement se sont imposés assez rapidement et avant que l’on y intègre les espaces de coworking. C’est venu à la fois de la volonté de l’équipe d’enseignant.e.s qui prônait la pédagogie de projet et de la stratégie de l’université qui souhaitait faciliter l’accès au savoir pour tous celles/ceux qui ne peuvent se rendre physiquement sur le campus. Cela permet de rassembler les individus et de leur permettre de travailler sans souffrir de l’isolement. Pour éviter ce sentiment, la filière TIC de Limoges a opté pour le travail de groupe, en constituant des sortes de communautés d’étudiant.e.s partageant des intérêts communs et ayant des interactions fortes et déterritorialisées : les membres ne se trouvent pas en un même lieu ou territoire, ils se rencontrent au travers d’un écran et de l’une des possibilités qu’offre Internet. L’objectif est de favoriser l’acte d’apprendre, le travail de groupe comme facilitateur des apprentissages. Il y a là une recherche sur l’intelligence collective de ces multiples appartenances où chaque communauté est un ensemble d’étudiant.e.s. Les étudiant.e.s, au sein de la filière, appartiennent à différents niveaux de communautés : communauté globale des étudiant.e.s TIC (600 étudiant.e.s sur le campus virtuel) ; communauté des étudiant.e.s sur une même promotion (20 à 80 étudiant.e.s) ; communauté d’étudiant.e.s sur un même enseignement (10 à 200 étudiant.e.s) ; communauté de travail (6 à 8 étudiant.e.s). La communauté virtuelle de travail est le niveau de proximité, c'est une communauté non pérenne, constituée, au minimum pour la durée d’une unité d’enseignement, au maximum pour la durée de deux ou trois UE. Ayant les caractères d’une communauté de pratique, elle a un fort impact dans les apprentissages. Cependant, du fait de sa courte durée de vie, les étudiant.e.s s’identifient pas ou peu à ce groupe. La communauté virtuelle de promotion est plus pérenne, la solidarité y est grande et c’est la communauté où l’étudiant.e s’identifie le plus. Les formateurs/trices et enseignant.e.s sont particulièrement responsables de l’animation et du suivi du comportement des groupes et des individus. Les communautés virtuelles d’apprentissages fonctionnent parce que chacun possède des savoirs liés à son expérience individuelle. L’animateur, représenté par l’enseignant.e, d’une communauté s’emploie à les faire s’exprimer et à les mobiliser lorsqu’il a un problème à résoudre. Ce partage de connaissances est très important au niveau de la communauté globale et au niveau des communautés d’UE où les étudiant.e.s ont à résoudre les même problèmes. Les communautés de projet ou de travail, quant à elles, offrent l’occasion d’apprendre dans l’action, c’est là que le travail collaboratif est pratiqué. Le travail collaboratif dans l’enseignement est assez similaire à celui de l’entreprise, puisqu’il s’agit de partager, communiquer, coordonner, organiser, produire, il n'y a pas de travail collaboratif sans un intérêt commun ou un enjeu partagé. La confiance, la réciprocité, le respect, la solidarité sont indispensables. Dans une communauté virtuelle d’apprentissage le projet c’est à la fois atteindre les objectifs de connaissances et de compétences et c’est réaliser le travail demandé dans le temps imparti. L’enseignant.e joue le rôle de médiateur, dans son aspect collaboratif la responsabilité est collective et chacun intervient à toutes les étapes. Les conditions de travail des un.e.s et des autres doivent être suffisamment homogènes pour favoriser les échanges, par contre les compétences des membres doivent être complémentaires pour être enrichissantes et pour mieux remplir la diversité des tâches et des rôles. La composition des groupes est réussie lorsque chaque groupe à ses rites, ses propres codes et ses habitudes de travail (à trop pousser l’effet inverse se produit). Le nombre d’étudiant.e.s a également son importance. L'organisation à six personnes peut être encore informelle, ils/elles peuvent travailler et s’organiser spontanément, chacun peut s’impliquer. A moins de six étudiant.e.s les forces ne sont pas assez nombreuses pour des tâches complexes. Par contre le trinôme est une bonne solution entre l’équipe et le travail individuel si la tâche est précise et ciblée. Entre sept et douze étudiant.e.s, les compétences variées permettent de conduire un projet relativement complexe, mais il faut une organisation quelque peu formalisée et une régulation forte. Les règles du savoir-vivre en communauté ne sont pas propres aux communautés virtuelles d’apprentissage. On les retrouve partout où l’on trouve des communautés virtuelles et du travail en réseau, dans une société, la mise en réseau des individus permet de développer l’intelligence collective, elle est créatrice de valeur : une valeur qui naît du travail en commun lorsque les membres de la communauté vivent équilibrés, lorsque leurs relations harmonieuses et fécondes produisent de la richesse. Le concept sur le campus apporte la gestion du temps et de l'espace, ce qui permet à des partenaires distants de travailler ensemble depuis leurs lieux de vie et d’être évalué.e.s à ce niveau. 3


Le e-learning est un autre exemple, issue du travail collaboratif. Cette plateforme d’apprentissage est un espace virtuel dédié aux apprenant.e.s (étudiant.e.s et élèves). Ils vont pouvoir y retrouver des activités pédagogiques, des supports de cours, l’organisation du tutorat, l’organisation et le dépôt de projets mais aussi des forums de discussions. C’est donc une plateforme aux fonctionnalités complètes et qui doit faciliter l’assimilation des connaissances et l’organisation de l’apprentissage des apprenant.e.s. L’outil facilite et rend possible des méthodes et des usages. Nous pouvons dès à présent distinguer deux postures pédagogiques complémentaires : celle, verticale, où le/la formateur/trice est un.e sachant qui doit transmettre ses connaissances et celle, horizontale, où le/la formateur/trice a davantage un rôle d’accompagnant.e dans l’assimilation des connaissances par exemple en encadrant des ateliers de mise en pratique, en animant une discussion, en répondant aux éventuelles interrogations. Le tutorat à distance dispense les apprenant.e.s de se rendre en salle de cours tout en permettant un échange avec le/la formateur/trice pour un accompagnement personnalisé, sur-mesure. L’avantage principal est l’autonomie, la responsabilisation, la liberté donnée à l’apprenant.e. Le risque reste l’isolement et la démotivation. C’est une petite évolution dans l’enseignement cela permet aux apprenant.e.s d’avancer par essai, erreur, en répétant une situation similaire au réel, et faire varier cette situation pour apprendre à s’adapter en modifiant certains paramètres, à la manière d’un jeu vidéo. 4


Le travail collaboratif n’a pas attendu l’apparition des espaces de coworking pour se matérialiser. L'enjeu majeur du travail collaboratif est la production de compétences collectives, qui sont le résultat d'une combinaison de variables propres à l'organisation avec d'autres propres à l'individu et propres à l'équipe. En ce sens nous distinguons trois formes de ressources : les ressources en connaissances acquises dans le cadre de la socialisation familiale, mais aussi dans le cadre scolaire et professionnel ; les ressources financières (propres et potentielles, accès au crédit) ; les ressources sociales regroupant à la fois les relations de proximité (famille, amis, voisinage) et les relations avec les institutions (entreprises, banques, administrations publiques, etc.). Le travail collaboratif s'institue en quatre points : instaurer un climat de confiance ; trouver des centres d'intérêts communs aux différentes structures ou aux membres du groupe ; proposer des outils de communication pour aboutir au travail collaboratif ; faire vivre le réseau et la communauté de travail collaboratif. Le travail collaboratif c’est aussi construire un nouvel outil de communication pédagogique. Pour autant le travail collaboratif ne constitue pas une nouveauté. C'est une forme actualisée de travail à domicile et/ou en groupe. 5


En effet, le travail collaboratif est intervenue au sein de l’enseignement, car les places individuelles ne suffisent plus à répondre aux besoins des étudiant.e.s qui sont régulièrement amené.e.s à travailler sur des projets collectifs. C’est ce qu’a montré, une enquête du SCD de Lille 1 qui révèle que les étudiant.e.s doivent rendre en moyenne trois travaux de groupe par an. De même, la bibliothèque de l’IMT Atlantique sur Brest a aménagé trois espaces de travail en groupe qui peuvent accueillir 8 à 12 personnes. Ces salles sont équipées de vidéoprojecteurs et de matériel pouvant être utile à l’élaboration de projets collectifs. Depuis leur ouverture en 2015, elles sont devenues des espaces de travail très apprécié des étudiant.e.s. Quant aux espaces de travail individuel, ils sont modernisés lors de travaux d’aménagement. Par exemple, des prises électriques sont installées sur les bureaux afin de permettre aux étudiant.e.s de travailler sur leurs ordinateurs personnels. Parmi les espaces détentes proposés par les BU, on retrouve ceux qui se situent non loin de l’espace de travail : ils se caractérisent par un mobilier très confortable (poufs, fauteuils). Néanmoins, l'ambiance reste calme et silencieuse. Souvent, les étudiant.e.s y consultent les documents mis à disposition par la bibliothèque. L’aménagement des espaces entraînent aussi l’installation d’un nouveau mobilier. Là encore, la modernité est synonyme de diversité : assise haute, assise traditionnelle, position debout pour le travail et pour la détente, des poufs, des chauffeuses ou des fauteuils et des canapés. A l’image de la section santé de la BU de Caen, les installations s’adaptent aux besoins et aux envies de ses étudiant.e.s en leur permettant d’adopter la posture qui leur convient le mieux pour un confort optimal. Enfin, certaines BU récemment conçues ou réaménagées comptent dans leurs espaces une salle de conférence. Elles deviennent donc partie prenante dans la recherche car elles favorisent la communication des avancées. Pour conclure, l’aménagement des nouveaux espaces dans les bibliothèques universitaires montre que ces dernières ne se limitent plus à la seule fonction documentaire qui lui était initialement attribuée. En répondant à divers besoins des étudiant.e.s, elles sortent de leurs limites et prennent sur le campus universitaire une place centrale 6. Le travail collaboratif et le collaboratif qui en découle n’a pas attendue des lieux comme les espaces de coworking pour se concrétiser.


Imagerie

Dans le monde universitaire et plus largement dans les formations supérieures, on parle aussi de travail collaboratif, parce que l’esprit du temps y initie. En milieu universitaire les formations à distance font largement appel au travail collaboratif. Dans ce contexte il semble que le développement de travaux de groupe répond à des problèmes maintenant bien repérés. La sensation d'isolement, la difficulté à diriger son propre apprentissage, le manque d’autonomie, conduisent à des taux d’abandons importants. Les différentes formes de tutorats et le recours organisé aux forums et commentaires, facilitent la création de lien social, en réintroduisant les notions de classes et groupes, l’apprentissage peut apparaître comme un moyen économiquement très intéressant de faire vivre des formations à distance. Travailler avec d’autres, oui, mais la question reste de savoir comment. Le travail collaboratif dans l’enseignement supérieur deviendrait un équivalent des services informatisés similaires au domaine de l’entreprise. Comme la capacité de travailler en réseau avec les outils du travail collaboratif. Le premier espace français de coworking à l’université est inauguré en janvier 2014. A l’université cet espace fonctionne comme un lieu intermédiaire entre la salle de cours et le domicile offrant des espaces de travail seul ou en groupe pour le travail en dehors des cours et en complément des bibliothèques. Sandbox 212, premier espace de coworking à l’université sur le sol français, est situé à l’IFIS (institut francilien d'ingénierie des services) sur le campus du Val d’Europe de l’UPEM (Université Paris-Est Marne-la-Vallee). Il offre 4 espaces différents modulables sur une surface de 90m2 : travail sur ordinateur, réunion, salle de cours et salle de détente. Il vise l’innovation pédagogique. En contexte universitaire, les innovations pédagogiques sont souvent décrites comme tout ce qui ne révèle pas de l’enseignement magistral, méthode encore utilisée par une très grande majorité de professeurs. Deux modèles d’apprentissages collaboratifs sont à voir ; la collaboration contradictoire et la collaboration constructive. Dans la collaboration contradictoire, le groupe est autonome et se construit chemin faisant. Alors que dans la collaboration constructive, le groupe est préalablement organisé par l’enseignant.e, chacun.e ayant un rôle prédéfini. Le groupe doit avoir des objectifs proches et partager des valeurs communes. Mais un espace de coworking est aussi un espace d’autonomie. C’est aussi le cas sur l’heure du déjeuner ou après les cours, cette salle étant jugée plus agréable que les salles de cours classiques ou la bibliothèque du campus. Les enseignements complémentaires d'ouverture (ECO) favorisent l’appropriation de cet espace par les étudiant.e.s. Le but n’étant pas d’imposer aux étudiant.e.s d’utiliser l’espace mais de les inciter, de leur dégager du temps, et de pouvoir récompenser leurs initiatives. Ce dispositif a pour objectif principal d’améliorer les compétences des étudiant.e.s en leur permettant soit de mettre en application des connaissances acquises en cours, soit de les compléter en fonction de leur projet professionnel. Cependant l’espace n’a pas reçu autant de projet professionnel que désiré, surement par timidité et par peur de l’échec de la part des étudiant.e.s au vu de la configuration pédagogique inédite. De plus le manque d’entrain des étudiant.e.s semble aussi tirer son origine de là. Ils/elles restent néanmoins ouvert.e.s sur l'idée, et deux d’entre elles/eux envisagent de tenter l’expérience d’ici la fin de l’année lorsque leurs emplois de temps le permettra. Or le manque de vie de campus était là motivation principale à l’émergence de cet espace de coworking. Sandbox 212 a modifié le mode de relations entre enseignant.e.s et étudiant.e.s. La structuration du champs a exploré, par des prototypes, des épreuves, des tests qui favorisent la création de nouvelles connaissances en permettant un apprentissage rapide par essais-erreurs. Il est néanmoins apparu nécessaire de mieux intégrer les connaissances théoriques et la mise en pratique. L’existence d’un espace de coworking ouvert sur l’extérieur peut constituer un levier à la création de sens, entre équipes pédagogiques, étudiant.e.s, professionnel.le.s, acteur/trices du territoire. Il favorise un processus social au travers duquel les individus interprètent et comprennent la réalité dans laquelle ils/elles évoluent. Les étudiant.e.s deviennent volontairement concepteur/conceptrice et réalisateur/réalisatrice d’un projet. Ces actions peuvent aider pour de futures situations professionnelles et attester auprès des futurs employeur.se.s de compétences avérées. Les étudiant.e.s à l’initiative de l’idée présentaient des usages liés à la vie étudiante : moments festifs mais aussi espaces de partages des compétences ou des connaissances des cours. Mais des activités non prévues ont aussi émergé après l’ouverture. Sandbox 212 a permis de développer des liens différents avec les étudiant.e.s mais aussi avec les enseignant.e.s et le personnel administratif. Dans ce dernier cas, l'étudiant.e qualifie également ses relations de plus horizontale. Il/elle souligne également son intérêt pour expérimenter un mode de travail à distance qu’il/elle imagine se développant dans les années futures dans les entreprises. L’espace a bénéficié d’une présence humaine ce qui a posé la question de l’animation de Sandbox soit uniquement par programmation d’événements, soit par présence d’étudiant.e.s lors des temps de pause. Cette dernière situation témoigne une fois de plus que les usages ne peuvent pas toujours se prévoir et que la vie de l’espace se définit selon les opportunités et les envies. Il y a eu des initiatives de la part des enseignant.e.s : cours programmés en petits groupes, les témoignages de professionnel.le.s, les réunions de petits groupes, les rencontres inter-promo de la rentrée, des ateliers. Mais aussi de la part des étudiant.e.s, l’usage spontané lors d’un cours comprenant un travail de groupes, ateliers ou mini-conférences. Les projets s’imbriquent dans un écosystème fait d’initiatives pédagogiques par une volonté affichée par l'équipe pédagogique. L'espace de coworking est un artefact qui cristallise les initiatives même si beaucoup de projets auraient tout aussi bien pu naître sans cet espace. L’espace de coworking est un pas vers l’innovation envisagée sous l’angle de l’ouverture, du partage, de la co-création et de l’interdisciplinarité. Cette communication contribue à la fois à la littérature sur la pédagogie et à la littérature sur les tiers-lieux. L’initiative Sandbox est un lieu hybride entre domicile et salle de cours mais aussi lieu de travail, dans le cadre d’une formation en alternance. 7


Dans la même lignée quelques autres projets on été construit ou sont en cours pour continuer cette démarche du coworking comme moyen efficace de réunir des groupes d’étudiant.e.s en collaboration. Le Mab'Lab, ouvert depuis 2016 est un espace de coworking pour tous avec une particularité de taille : il se trouve dans le restaurant universitaire du Crous à Saint-Sulpice. Ce projet a été financé grâce au budget participatif de 2014. Le Mab'Lab a été pensé pour les étudiant.e.s en mal de concentration et d'espace, ainsi que pour les professionnel.le.s à la recherche d'un coin tranquille pour donner naissance à leurs projets. La cantine est réarrangée en grandes tablées séparées par des miroirs avec banquettes, ce qui prévalue le travail seul ou en groupe. Des panneaux isolants sont installés pour créer un environnement calme. Des appuis dorsaux, des cousins et des supports pour rehausser l’écran des ordinateurs portables sont fournis pour plus de confort. Finalement, ce qui différencie le Mab'Lab des quelques 300 autres espaces de coworking en France, c'est son ambition sociale. Tout d’abord, il propose des prix parmi les moins chers du marché (72€ par mois pour les entrepreneur.se.s et seulement 10€ par mois pour les étudiant.e.s). Ensuite, il défend surtout des valeurs d'ouvertures et d'égalités, afin de donner sa chance à chaque projet et de rendre l'entrepreneuriat accessible à tous. L'objectif du Mab'Lab est de faire de cet espace une source d'inspiration pour développer de nouveaux modèles misant sur l'accessibilité et les mêmes opportunités pour tous. 8


Après l'ouverture des amphithéâtres en 2013 et du Centre d'information ULiège en juin dernier, l'ULiège invite ses étudiant.e.s à prendre possession d'un nouveau lieu de vie au coeur de Liège. Ce centre préfigure d’autres aménagements qui permettront à la Galerie Opéra de devenir un espace entièrement dédié aux étudiant.e.s. D’ici 2021, l’Université de Liège se déploiera ainsi sur plus de 2000 m2 sur les trois niveaux de la Galerie. Il est possible d'y travailler seul ou en groupe, notamment grâce à un dispositif multimédia. 9
Les étudiant.e.s, sans attendre que ces espaces se retrouvent sur leur campus, sont aussi attiré.e.s par ces nouveaux espaces de travail innovants où freelance, télétravailleur.se.s, professionnel.le.s itinérant.e.s, auto-entrepreneur.e.s, ou encore créateur/trices d’entreprise se réunissant pour travailler. Dans un espace de coworking on mutualise les espaces dans un esprit collaboratif, on partage ses connaissances, on s’entraide, raisons pour lesquelles il séduit de plus en plus d’étudiant.e.s, notamment les futurs entrepreneur.se.s à la recherche d’un espace de travail privilégié d’une nouvelle forme d’apprentissage. Dans un espace de coworking, les étudiant.e.s auront la chance de côtoyer des entrepreneur.se.s et des indépendant.e.s, et notamment des professionnel.le.s des nouvelles technologies. S’y inscrire c’est intégrer une communauté de travailleur.se.s aux compétences différentes qui s’entraident pour atteindre leurs objectifs. Les espaces de travail partagés proposent par ailleurs des formations, des ateliers thématiques, des événements divers. Une opportunité que les étudiant.e.s ne peuvent rencontrer uniquement au sein d’un espace de coworking, outre les différents avantages dont ils bénéficient à l’université. 10


Nous allons dans un premier temps discuter des freins au travail collaboratif. Puis dans un second temps parler de ceux plus spécifiques à la limite d’une entente entre les étudiant.e.s et le coworking. Il est aujourd’hui possible de travailler ensemble, à une très grande échelle, sur un même projet, mais à distance, de manière synchrone ou asynchrone, sur des supports modifiables tout en permettant une relation directe entre les personnes grâce à internet. Collaboratif et coopératif désigne le mode de contribution de chaque membre d’un groupe et le produit final issus de cette participation sont l'action et la réalisation. Mais la coopération c’est la division du travail et la collaboration c’est la coordination de ces tâches. L’organisation du travail collaboratif rencontre néanmoins de nombreux freins qu’il convient d'identifier avant de pouvoir envisager les moyens permettant de les surmonter. Le travail collaboratif c’est une forme d’intelligence collective fédérée autour d’un projet et reconfigurable selon l’évolution des objectifs. En effet pour s’adapter à un tel contexte, il faut pouvoir innover. La coordination s’effectue par ajustement mutuel, ce qui n’exclut pas le conflit. Le travail collaboratif est d’abord le résultat d’une somme d’interventions individuelles et de freins pouvant être identifiés. Premièrement, les facteurs cognitifs supposent que les contributeurs/contributrices aient les aptitudes requises dans ce cadre. Un facteur supplémentaire intervient, celui des savoirs : les savoirs liés à la spécialité du travail collaboratif et les savoirs procéduraux. Cette exigence restreint le nombre des personnes susceptibles de participer à un travail collaboratif. Deuxièmement, le facteur du volontariat mène à s’interroger sur le processus conscient d’organisation des actions, cela suppose que les intervenants appréhendent leur contribution dans un travail collaboratif, comme contrainte à laquelle ils ne peuvent échapper ou comme une opportunité qu’ils sont à même d’exploiter, qu’elle soit individualiste ou altruiste. Le travail collaboratif, modifie les pratiques antérieures qu’un salarié pourra chercher à conserver s’ils les percevaient comme des avantages : les échanges informels et les modes de rémunérations. L'esprit individuel de compétition peut également constituer un obstacle majeur opposé à l’esprit de collaboration dans l’analyse des rapports de pouvoir au sein des organisations. L’un repose sur une image idéale de soi, un besoin de surpasser les autres, un désir de reconnaissance tandis que l’autre entre dans une démarche collective où la contribution personnelle n’est pas identifiable et où la valeur individuelle n’est pas mesurable. Enfin la transmission de connaissance peut aussi se comprendre comme une perte de savoir puisqu'en devenant commun, il n'est plus distinctif. Les salarié.e.s peuvent aussi craindre de perdre une part de leur utilité au sein de l’organisation et devenir plus facilement interchangeables. Mais certains freins apparaissent au niveau du groupe lui-même. Le choix d’une configuration organisée en contradiction avec le modèle collaboratif peut être un facteur d’échec. Une organisation collaborative du travail repose sur l’acceptation d’une incertitude dans les procédures, mais aussi dans les résultats qui ne peuvent être standardisés. Plus il y a d’incertitude dans la réalisation d’un objectif défini, plus il faut favoriser l’initiative. L’initiative est un facteur essentiel d'apprentissage et d’entretien de l’intelligence puisque les solutions sont trouvées et non imposées. Ne pas oublier les freins financiers ou techniques, tels que le manque de convivialité des outils proposés, leurs complexités, leurs disponibilités limitées, la capacité insuffisante des outils informatiques ou encore le coût élevé de certaines solutions proposées. Les passagers clandestins, si l’on peut dire, se définissent comme des membres d’un groupe qui vont se soustraire à l’effort collectif tout en cherchant à en bénéficier, en minimisant voir en évitant toute implication. Plus un groupe sera important, moins la contribution marginale sera sensible, et plus les individus pourront être tentés de rester en retrait. Les freins peuvent être individuels ou collectifs et cela souligne la difficulté de mettre en place une organisation collaborative répondant aux attentes identifiées. Néanmoins, si leur caractérisation permet d’entrevoir les facteurs clés du succès ou de l’échec de ce mode d’organisation du travail, c’est leur combinaison qui est vraisemblablement déterminante de la réussite du processus. 11


Sur la base de ces résultats, des perspectives de recherches et des implications pédagogiques sont présentées à l'échelle de l’enseignement supérieur. Les étudiant.e.s de l’enseignement supérieur sont fréquemment invité.e.s à travailler en groupes pour acquérir des connaissances. La recherche présentée analyse l’expérience du travail de groupe de 29 étudiant.e.s scolarisé.e.s dans une école de management. Un des objectifs des entretiens, était d’élucider les obstacles à la mise en œuvre d’interactions collaboratives. Il y a trois types d’obstacles à l’apprentissage collaboratif. Le premier c’est le manque d’implication de certaines personnes. Le deuxième ce sont les modes d’interactions inefficaces pour réguler les désaccords. Le troisième est un manque de complexité de la tâche. Dans les évaluations de groupe que les étudiant.e.s ont à effectuer, la note attribuée au groupe devient la note de chacun des membres du groupe sans considération de leur apport respectif. L’approche motivationnelle (Slavin, 1983) prédit que cette structure d’évaluation n’incite pas chacun à s’investir individuellement. Donc les niveaux d’implication peuvent être très variables au sein d’un même groupe (exprimés 19 fois par les étudiant.e.s). Si l’objectif recherché consiste à provoquer des apprentissages individuels via des travaux de groupe, le constat de Slavin reste d’actualité : la mesure de la productivité du groupe ne dit rien de ce que les individus ont appris. Nous pouvons supposer que le manque d’implication d’un des membres du groupe attire l’attention sur les caractéristiques de la personne. Il est plausible que l’expérience répétée du phénomène dit du "passager clandestin" conduise à construire une théorie du groupe efficace privilégiant les caractéristiques des personnes au détriment des processus groupaux. Le manque de complexité des tâches est la seconde limite du travail de groupe (exprimés 9 fois par les étudiant.e.s). Dans ce cas, le travail de groupe n’apporte pas plus qu’un travail individuel, à l’inverse, certains étudiant.e.s, soulignant que le travail individuel permet d’accéder à une vision d’ensemble du travail effectué, empêchent la division du travail opérée fréquemment dans les groupes. Éviter les interactions favorise un fonctionnement fondé sur le partage des tâches, et donc une modalité d’apprentissage plutôt coopérative que collaborative, comme observée entre le partage du travail et la faible complexité de la tâche. Le partage du travail est donc loin d’être systématiquement adopté. Cela signifie que les étudiant.e.s travaillent conjointement sur la tâche, dans ce cas, la confrontation à des opinions divergentes et l’accès à des univers mentaux différents apparaissent comme des attraits du travail de groupe. Ce serait la source alors d’une ouverture d’esprit et d’un développement personnel appréciés des étudiant.e.s. Cela aurait l’intérêt d’une approche multidimensionnelle de l’apprentissage collaboratif croisant plusieurs cadres théoriques pour nourrir une approche réflexive des enseignant.e.s sur leurs propres pratiques de travaux de groupes. Il importe donc de mieux saisir l’influence du format de communication sur le développement des interactions collaboratives au sein d’un groupe. 12


Bien sûr tous les domaines de l’enseignement universitaires n’ont pas besoin d’autant d’espaces pour travailler ou ne travaille pas de manière constante en groupe ou en communauté. Par exemple l’étudiant.e en informatique n’a besoin que d’une communauté virtuelle dans un premier temps avant d’avoir des projets physiques à réaliser. Les étudiant.e.s investissent de plus le plus les espaces de coworking et/ou de collaborations parce que bien souvent ils/elles n’ont pas l’espace chez eux/elles. Fréquenter ces espaces aide à une meilleure intégration sociale et évite le mal-être d’être dans un espace inadapté. Cependant les étudiant.e.s n’ont déjà pas les moyens d’avoir un espace bureau chez eux/elles, sachant que beaucoup des espaces de coworking sont payants, est-ce pour eux/elles le bon investissement. Même si l’espace de travail collaboratif n’est pas payant, les étudiant.e.s le voient comme le seul espace viable étant donné qu’ils/elles sont déjà précaire. Alors encourager les étudiant.e.s à venir uniquement dans ce genre d’espace ne reviendrait-il pas à les garder dans un état précaire. Au final ils/elles finissent par n’avoir besoin que d’un espace où dormir, là où les cabines de sommeil s'entasseront par centaines. On ne prend pas la peine que chacun ait son espace mais on donne un espace ouvert à tous, par contre il faut beaucoup attendre pour pouvoir travailler dans ces endroits, c’est comme les transports en commun il y a aussi de heures de pointes. Cela pose des problèmes d’organisations, d’ententes, les étudiant.e.s peuvent réviser ailleurs, mais ils n'ont pas tous le temps, l’espace ou les moyens. De plus ces espaces dans leurs volumes horaires ne prennent pas en compte l’activité salariale de la moitié des étudiant.e.s. Avec l’exemple à nouveau de l’espace de coworking Sandbox 212 ouvert à l’université de Paris : “Ils/elles restent néanmoins ouvert.e.s sur l’idée et deux d’entre elles/eux envisagent de tenter l’expérience d’ici la fin de l’année lorsque leurs emploi du temps le permettra”. L’expérience tient compte seulement de leurs emploi du temps scolaire et pas l’emploi du temps salariale que certain.e.s d’entre elles/eux possèdent.


De plus “l'espace de coworking est un artefact qui cristallise les initiatives même si beaucoup de projets auraient tout aussi bien pu naître sans cet espace donc ce dernier n’est pas essentiel. Ici il n’est qu’un indicateur de la catégorie de l’espace de la Sandbox 212. Enfin comme nous avons pu le voir plus haut, l’enseignement mène plus à une coopération plutôt qu’à une collaboration. Nous parlons alors d’un travail de groupe coopératif et pas d’un apprentissage en groupe collaboratif.
































1Baudoin Christine et Smadja Aurélie. 2009. Le droit du travail collaboratif pour un développement durable, édité par L'Harmattan, 135-54 « Marché et organisations » N° 10.

2Gressier Alain. 2009. Une nouvelle forme d'organisation du travail collaboratif : les communautés de pratique, édité par L'Harmattan, 113-34 « Marché et organisations » N° 10.

3Casteignau Guy et Gonon Isabelle. 2006. Pratique du travail collaboratif en communautés virtuelles d’apprentissage, édité par C.N.R.S. Editions, 109-15 « Hermès, La Revue » N° 45.

4Next Blog, « Formations à distance : quels sont les nouveaux outils d’apprentissage ».

5Boutillier Sophie et Fournier Claude. 2009. Travail collaboratif, réseau et communautés. essai d'analyse à partir d'expériences singulières, édité par L'Harmattan, 29-57 « Marché et organisations » N° 10.

6Bibliothèque universitaire, « L’aménagement des espaces en BU ». Publié en 2017.

7Fasshauer Ingrid, Meyer Claudie, Bourret Christian. 2015. De la participation à la coopération entre enseignants et étudiants dans le cadre d’un espace de coworking à l’université, édité lors de la Biennale Internationale de l'Éducation, 1-11.

8Paris, « Le Mab'Lab, un espace de coworking pour tous et un tremplin vers l'entrepreneuriat ». Mis à jour le 24/07/2019.

9Uliege, « Ouverture d’un nouvel espace de 1000 m2 au étudiants ».Publié le 8 mai 2019.

10Working place, « Espace de coworking, également adapté aux étudiants ». Publié le 27/05/2014.

11Gangloff-Ziegler Christine. 2009. Les freins au travail collaboratif, édité par L'Harmattan, 95-112 « Marché et organisations » N° 10.

12Cosnefroy Laurent et Lefeuvre Sonia. 2018. Du travail de groupe à l’apprentissage collaboratif. Analyse de l’expérience d’étudiants en école de management, édité par E.N.S. Editions, 77-88 « Revue française de pédagogie » N° 202.